Un partisan des terroristes de Charlie présent à l’Assemblée Nationale

Le 10 janvier 2015, immédiatement après la tuerie de Charlie-Hebdo, le site mauritanien Maurisahel.com, écrivait à propos d’un responsable du mouvement anti-esclavagiste « l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste » (IRA): « Un  dirigeant d’IRA salue les attentats de Paris». Effectivement un dénommé Saad Ould Louleid avait rendu public un article dans lequel il glorifiait l’attentat contre le journal satirique français Charlie Hebdo, et rendait hommage aux « jeunes français d’origine arabes » qui avaient mené l’opération meurtrière (1). Ould Louleid s’était également attaqué dans son article, à l’Etat mauritanien et à l’ensemble des organismes nationaux qui avaient condamné l’attaque de Paris. Toujours selon Saad Ould Louleid, ce large mouvement de solidarité à Nouakchott n’était qu’un acte d’hypocrisie flagrante. Immédiatement le premier conseiller de l’ambassade de France réagissait auprès des chefs du mouvement anti-esclavagiste. Immédiatement, ces derniers, qui étaient à l’époque emprisonnés, condamnaient fermement une telle prise de position. Très vite, ils réalisaient que Saad Ould Louleid était un agent infiltré par le pouvoir au sein de leur mouvement qui visait à le discréditer. Le résultat ne s’était pas fait attendre. Le sieur Louleid était chassé de l’organisation anti esclavagiste.

La France coupable

La surprise, la voici. Un colloque est organisé, ce mardi à l’Assemblée Nationale, sur « l’esclavage en Mauritanie, mythe en réalité » par Eric Diamantis, un avocat d’affaires, et Jamal Taleb, qui se présente comme un « praticien du droit international ». Ces communicants du président mauritanien Aziz à Paris se sont fait connaitre autrefois en défendant Imed Trabelsi, le neveu voyou de l’ex épouse du chef d’Etat tunisien Leila Trabelsi. Il est cocasse de les voir organiser un colloque sur l’esclavage au nom d’un régime mauritanien qui ne fait rien, à Nouakchott, pour panser les plaies d’une tradition esclavagiste encore trop vivace. Cette mascarade est parrainée par François Loncle, qui revient d’un voyage d’études en Mauritanie à la tète d’un groupe de parlementaires et par un ancien haut officier français et ancien aide de camp de François Mitterrand, Peer De Jong, qui passe pour un spécialiste … de l’Asie. Or le principal et quasiment seul « expert » de la manifestation organisée à l’Assemblée nationale n’est autre que Saad Ould Louleid, le zélateur des terroristes de Charlie Hebdo. Depuis les attentats de Paris, le lien sur internet qui conduisait à son apologie du terrorisme ne fonctionne plus. En revanche, ce discret factotum du pouvoir  a repris l’essentiel de ses thèses pro attentats dans de nombreux médias télévisés.

On touche là à la formidable duplicité du régime mauritanien. Coté jardin, le président Aziz se présente comme un ami de la France et des occidentaux, ultime rempart contre le terrorisme. L’air est connu et à Paris, on feint de croire à cette posture, qui n’a pas pourtant conduit les mauritaniens à donner le moindre coup de main à l’armée française au Mali. Coté cour, le chef de l’Etat tient un tout autre discours face à son opinion publique qu’il sait bercée par les prêches de nombreux imams salafistes formés en Arabie Séoudite à qui on a donné les clées de nombreuses mosquées. Tout récemment encore, le président Aziz s’est enflammé contre les responsables politiques français sur le thème. Si la France a écopé de nombreux attentats, c’est parce qu’elle mène une politique hostile aux arabes et aux musulmans.

Lorsqu’il a rencontré, cet automne, ses « amis » français, un président Aziz un peu contorsionné n’a pas hésité à leur confier: « Ne tenez pas compte de mes positions contre la France, je suis obligé d’adopter ce genre de discours face à mon opinion mais il ne m’engage en rien. »

Diviser pour régner

Revenons à Saad Ould Louleid. Ce factotum du régime vient de créer à Nouakchott en juin dernier un parti dit de « la cohésion nationale » qui vise à défendre « les couches marginalisées de la population ». Le mouvement a été immédiatement autorisé par les autorités mauritaniennes, alors que de nombreux dirigeants de l’IRA sont encore en prison et que leur mouvement est toujours interdit. La manoeuvre est évidente. Les couches paupérisées de la population, souvent enfants d’esclaves, commencent à prendre conscience de leur sort, qu’ils soient négro mauritaniens ou qu’ils aient été arabisés par les maures. Le pouvoir mauritanien cherche à tout prix à diviser cette mouvance possiblement majoritaire, soit en l’infiltrant, soit en créant de pseudo organisations concurrentes.

De là à envoyer à l’Assemblée Nationale française un zélateur du terrorisme, il y a un pas que le président Aziz, toute honte bue, a franchi.

(1) Le texte avait été publié par un site arabisant El Houriya, et effacé depuis. Mondafrique a conservé l’original.


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