Mésentente sur les prix du gaz entre Alger et Paris

Depuis 2012, la France exerce régulièrement un lobbying actif pour obtenir une révision des prix du gaz livré par Alger. Dans sa quête d’émancipation de la dépendance russe, Paris voit dans ce partenaire une magnifique issue de secours. Mais l’Algérie n’apprécie guère ces pressions qui tournent toujours à l’avantage de l’ancienne métropole.

Coup de pression

La goutte d’eau qui a fini par faire déborder le vase a été le fruit d’une déclaration de Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, filiale d’Engie. Le 17 janvier dernier, ce haut responsable français a expliqué que Le sud-est de la France connaissait une situation « assez préoccupante » concernant son approvisionnement en gaz, du fait de l’arrêt quasi total des livraisons de gaz depuis l’Algérie au terminal méthanier de la Fos-sur-Mer. En clair, les français grelottent en raison d’un problème de production survenue en Algérie. Cette version des faits a suscité la colère des dirigeants algériens. Pour eux, il s’agit d’un énième coup de pression pour obliger la compagnie pétrolière nationale, la Sonatrach, à baisser encore ses prix de gaz vendu à la France. Le Pdg de Sonatrach, Amine Mazouzi est sorti de son silence pour dénoncer, à ses yeux, une véritable manipulation.

« Nous n’avons entendu ni Sonatrach ni Engie parler de manque d’engagement, ce sont des tiers, des spéculations (…). Il y a eu une vague de froid (en Europe) qui n’était pas prévue et qui s’est accompagnée d’une très forte demande (en gaz). Tout le monde a cherché à s’approvisionner davantage et l’Algérie a été un fournisseur très fiable » a déclaré le premier haut responsable de Sonatrach qui tacle ainsi sévèrement ses partenaires français. « C’est une polémique qui a été créée de toutes pièces et qui ne concerne ni Sonatrach ni Engie », a-t-il même dénoncé. « Nous avons honoré nos engagements et répondu à toutes les demandes convenues entre les deux parties notamment durant le mois de janvier et même pendant l’arrêt technique de l’unité de liquéfaction Skikda », ajoute encore Amine Mazouzi, laissant ainsi entendre que des responsables français ont profité de l’arrêt technique d’une unité de production algérienne pour accuser Sonatrach de ne pas voir livré suffisamment de gaz à toute une région de France. En colère, le patron de la Sonatrach a expliqué clairement que l’arrêt technique de l’unité de Skikda n’avait été à l’origine d’aucune perturbation d’approvisionnement.

Sabotage

Que s’est-il donc passé ? En raison de la hausse de la consommation suite notamment à la persistance des mauvaises conditions climatiques en France, la partie française a sollicité Sonatrach pour l’approvisionner en quantités supplémentaires de gaz. La compagnie algérienne a décliné cette demande. prétextant  « des engagements avec d’autres clients ». Mais cette explication n’a pas plu à la partie française qui s’est empressée de remettre en cause la fiabilité du partenaire algérien.

Pour les dirigeants de Sonatrach, les français font du sabotage pour imposer à l’Algérie de « renégocier des contrats gaziers à long terme avec Sonatrach ».  « Lorsque les prix (de gaz) étaient bas. Ils (les Français) voulaient faire pression sur Sonatrach pour renégocier ». La manoeuvre a énervé l’Algérie qui ne veut pas reprendre de nouvelles parts de marchés en France en bradant son gaz après l’épisode de 2013 où l’Algérie a encaissé une cuisante défaite.  A cette époque, la France, par le biais du groupe EDF, avait fait pression sur le gouvernement algérien en utilisant sa filiale italienne Edison et obtenu 30% de rabais sur le prix du gaz. Un scénario qu’Alger ne veut plus subir. Mais la « guerre du gaz » entre les deux pays ne vient que de commencer.

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