Pour un revouveau du tourisme en Algérie

Chaque année, chaque été, beaucoup d’algériens et français d’origine algérienne vont retrouver la terre de leurs aïeux dont la superficie, la densité et la multiplicité des paysages ont été mis en valeur par l’excellent reportage « Algérie vue du ciel » de Yann ARTHUS-BERTRAND et l’émission « La mer retrouvée » de Thalassa.

Après avoir atterri et quitté l’aéroport international Houari BOUMEDIENNE, le voyageur peut voir très rapidement en voiture, entre autres, défiler sous ses yeux la grande bande côtière, fortement urbanisée, et au milieu de laquelle est située la capitale, Alger, dont la couleur blanche et magique est devenue, ces dernières années, un peu grisonnante.

A la diversité de formes de relief correspond une diversité de climats et de vastes régions algériennes qui pourraient donner des idées, aux gestionnaires et responsables politiques de ce secteur, sur les pratiques du tourisme et de loisirs à développer rapidement.

Il n’est pas chose aisé, à notre grand regret, de critiquer objectivement, et pourquoi pas positivement, le système touristique de notre pays natal, les sources d’information fiables sont peu nombreuses, et d’accès très réduit, au niveau des différentes administrations concernées. Passons…

Sans aucune polémique stérile, il n’est pas malveillant de dire que ce qui manque le plus à l’Algérie, dans le domaine du secteur du tourisme, ce sont certaines équipes spécialisées, bien que beaucoup d’entre elles manifestent un esprit civique admirable, de gens formés à l’esprit et à la conscience du bien public et s’appliquant ensemble, à tous les échelons, à résoudre la multitude des problèmes de mise en valeur économique de ce secteur, pour une meilleure élévation citoyenne et humaine dans l’intérêt de tous les enfants du pays, qu’ils soient jeunes ou vieux.

Pour cela, il faudrait qu’une véritable mutation des mentalités se produise au niveau des jeunes élites, encouragée par un souffle nouveau provenant d’une révolution intellectuelle et éthique, nécessaire à un développement rationnel du tourisme dans le pays, capable de le rendre compétitif à l’échelle international.

Pour cela, il faut véritablement combattre l’individualisme forcené, contraire à nos valeurs ancestrales, ou seul le credo de l’appât du gain facile et des plaisirs futiles semblent être valorisés. C’est la dimension du collectif national qui pourrait rendre à notre pays d’origine son âme authentique qui lui a permis, dans un passé récent, de marquer l’Histoire de manière indélébile, en menant le combat de la Révolution pour la liberté de son peuple mais aussi celui de la défense des valeurs humaines et universelles.

La génération actuelle, qui doit reprendre au plus vite le flambeau de la Révolution de ses aînés pour s’engager vigoureusement dans celui de la Révolution économique, ne peut pas excuser ses propres turpitudes et ses propres échecs sans tenir compte d’un retour, sur elle-même, critique et salvateur.

Le rejet systématique sur d’autres de l’effort qu’elle peut et doit, par elle-même, accomplir, pour se rendre perfectible, créative, efficace et performante, est l’un de ces comportements morbides qui risque de la conduire tout droit à la culture de la médiocrité.

A titre d’exemple, durant de nombreuses années, dans une optique de réduire la dépendance dangereuse du pays vis à vis de la rente dégagée par les hydrocarbures, on nous inonde de discours consistant à promouvoir l’Algérie en tant que destination touristique.

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Cap d’Acra – Benisaf

Des budgets colossaux, chiffrés en milliards de dinars pour assurer cette promotion, ont été souvent annoncés. Pour autant, rien de significatif et de probant n’a été jusqu’à présent réalisé sur le terrain, même si on constate des efforts minimes et non coordonnés de quelques investisseurs du secteur privé. D’une manière très limitée, quelques agences de voyage et quelques hôtels affichent, sur Internet et les systèmes internationaux de réservation, des propositions timides de voyages et de séjours en Algérie.

Pourtant, une chose remarquable a suscité beaucoup d’émotion et d’intérêt dans tous les milieux de la diaspora algérienne et même au-delà, les deux reportages évoqués plus haut, «L’Algérie vue du ciel» et L’émission «La mer retrouvée» , que la télévision française a consacré à notre beau pays natal avec ses paysages, qui s’étendent presque à l’infini, et ses régions, toutes aussi colorées que riches d’un patrimoine millénaire.

En regardant ces deux documentaires filmés, nous avons pu redécouvrir la richesse de la culture algérienne, ouverte sur le monde, l’architecture historique des monuments du pays, les manifestations sociales et populaires, la vie nocturne durant les vacances, les montagnes, les potentiels de pistes de ski qui ne demandent qu’ à être aménagés, et les possibilités de stations balnéaires à faire rêver les plus sceptiques par rapport à la pratique de l’art touristique.

Beaucoup d’entre nous, en France et ailleurs dans le monde, se sont sentis écrasés dans leurs fauteuils par la force des images de «l’Algérie vue du ciel» et «La mer retrouvée».

Ils se sont ainsi abandonnés au rêve d’une restauration de plusieurs sites archéologiques et balnéaires, mais aussi en imaginant les futurs plans de construction de chalets, d’auberges de montagne et autres sites de loisirs, à la fois décents et ludiques, pour que la réputation touristique de l’Algérie ne soit plus un mythe.

Loin de nous l’idée de plaider pour le développement d’un tourisme de masse en Algérie car cela est impossible actuellement à cause de son infrastructure «insuffisamment développée», mais aussi parce que nous n’ignorons pas les dégâts qu’un tel tourisme a provoqué, et provoque encore, dans les pays voisins du pourtour méditerranéen.

Pour autant, il ne nous semble pas ridicule d’imaginer que les autorités, en charge de ce secteur, puissent réunir tourisme national, « de diaspora», tourisme historique, tourisme écologique, et tourisme de luxe, en valorisant la promotion des spécialités comme le ski en hiver, le désert durant toute l’année, les plages et les montagnes en été, des affaires (foires et expositions) pour attirer toute l’année les chefs d’entreprises qui viennent investir etc…

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Le Hoggar

Outre ses qualifications climatiques où la moyenne de journées ensoleillées est impressionnante durant toute l’année, ses ressources archéologiques et naturelles, la beauté de ses paysages naturels, l’Algérie peut tirer avantage de sa proximité avec les pays d’Europe et les pays arabes.

Pour dynamiser ces avantages et les rendre profitables à l’économie du pays, L’A.N.A.A.F serait toute disposée à sensibiliser le personnel d’origine algérienne, qui a foi dans les fortes potentialités du tourisme en Algérie, pour rentrer au pays et mettre son réseau international au bénéfice de ce secteur au cas où une véritable politique, pour ce faire, était envisagée et mise en œuvre.

Une première clientèle est là… Elle attend le billet d’avion ou de bateau à la main… En effet, la jeune génération d’origine algérienne est fortement attirée par le besoin d’explorer certaines régions de la terre ancestrale qu’elle n’a jamais eu l’occasion de visiter parce qu’elle estime, aujourd’hui, que les raisons sécuritaires se sont sérieusement améliorées.

La concurrence régionale dans le domaine du tourisme s’est considérablement intensifiée durant les dernières années.

Néanmoins par une politique de baisse du coût du transport aérien comme le font les pays voisins, la multitude de voyages organisés et de services offerts par de nouvelles zones d’attraction en faveur d’un éco-tourisme, et l’adoption de la destination par de grands organismes internationaux spécialisés, en misant sur des avantages compétitifs en matière d’infrastructures d’accueil élaborées, pourrait être, à n’en point douter, des facteurs qui augmenteront les chances du développement du tourisme en Algérie.

La réussite du développement de ce secteur nécessite la capacité de ce dernier à fournir la meilleure qualité au meilleur prix !

Cet objectif ne peut être obtenu que par la promotion d’une véritable industrie privée du tourisme pour être en phase avec les pratiques internationales.

Les responsables de cette industrie doivent, prioritairement, s’atteler à faire l’inventaire des restaurants, hôtels, stations de sports d’hiver, plages, et des écoles de formation aux métiers du tourisme pour pouvoir élaborer de bonnes stratégies marketing, avec le concours et la participation efficace des groupes impliqués et la satisfaction du client vis-à-vis de la relation qualité/prix comme objectif vital.

Compte tenu de ce qui précède, ces stratégies, à notre humble avis, devrait donc être axées sur les projets pilotes et des programmes de développement humain pour «s’éduquer» à l’observation des normes touristiques en surveillant soigneusement l’impact et les résultats des mesures correctives.

Minaret Mosquée de Mansoura – Wilaya de Tlemcen

[/caption]Cette étape est primordiale pour acquérir l’expérience des outils de surveillance tels que les indicateurs et la tendance du secteur mais aussi habituer, voire obliger, les agents privés du tourisme à fournir les données statistiques qui sont, dans les pays européens, la base d’étude de la standardisation et de la définition du meilleur service de qualité.

Ces statistiques pourraient, par ailleurs, aider les institutions financières à mieux encourager et financer des projets touristiques qui présentent des perspectives prometteuses, mais aussi à programmer et anticiper la Formation des directeurs et tout autre personnel appartenant à tous les secteurs du tourisme y compris le logement, les transports de terre, d’air, et de mer, les organisateurs de voyages et agents de voyages.

D’ailleurs, c’est un fait établi que l’Algérie n’ est pas encore dotée de professionnels fortement qualifiés, en nombre suffisant, d’autant plus que certains d’entre ceux qui sont en poste n’ont pas souvent les talents de gestionnaires dans les domaines du marketing, de la promotion, du développement de stratégies, et des innovations.

De telles lacunes techniques pourraient être comblées à travers des conférences et ateliers organisés en coordination avec de grands spécialistes de la diaspora algérienne en France, mais aussi ailleurs dans le monde, qui travaillent dans l’industrie du tourisme. L’A.N.A.A F est disposé à fournir une réflexion approfondie dans ce sens.

Enfin, à travers des émissions de télévision ayant pour thématique «l’économie du tourisme», une forte campagne médiatique, destinée à sensibiliser tous les algériens doit être organisée, sur la nécessité du développement du tourisme comme facteur potentiel et utile, non seulement à leur économie nationale mais en même temps à la conservation de leur héritage culturel, dont ils sont naturellement fiers ,en mettant l’accent sur la valeur financière de ses sites naturels et culturels.

Mahjoub BENTEBRIA

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