Tchad : sale temps pour Idriss Deby

Le chef de l’Etat tchadien et président en exercice de l’Union africaine a dû quitter précipitamment la COP22 de Marrakech le 16 novembre pour rejoindre N’Djamena afin d’éviter une motion de censure au gouvernement d’Albert Pahimi Padacke.

De fait, le climat au Tchad s’est notablement détérioré avec la chute des exportations du pétrole et du prix du baril, le gonflement des dépenses publiques générées par la lutte contre Boko Haram et la réélection contestée d’Idriss Deby, au premier tour et à 60% des voix pour un cinquième mandat consécutif. Dans tous les domaines, les signaux sont au rouge. La moindre étincelle peut désormais être fatale au régime comme l’avait montré l’affaire du viol de la jeune Zouhoura qui avait provoqué d’importants soulèvements dans le pays en fevrier 2016.

Les tensions sociales ont rarement été aussi fortes et sont désormais prises en compte par les 188 députés de l’Assemblée nationale où siègent pourtant 83 membres de de la majorité présidentielle. Une année blanche est probable pour les élèves et étudiants, les fonctionnaires accumulent les arriérés de traitements, les magistrats sont en grève, les hôpitaux fonctionnent au ralenti, l’armée est de plus en plus fébrile et la crise sociale touche tous les milieux.

Nommé en février 2016, le Premier ministre Albert Pahimi Padacke est déjà usé politiquement et ne maîtrise plus la situation. Malgré l’empêchement de la motion de censure par Idriss Deby, la révolte qui agite une majorité des députés de l’Assemblée nationale ne s’est pas apaisée. La crise est maintenant politique et la fronde est de plus en plus vive. L’ opération « ville morte » du mardi 22 novembre pourrait être le début d’une insurrection de société civile qui commence à s’inspirer des pays voisins comme le Burkina Faso ou le mouvement  » Balai citoyen » avait participé à la mobilisation contre le président déchu Blaise Compaoré en novembre 2014.


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