Pourquoi les Bouteflika n’ont plus besoin d’Amar Saâdani 

Mondafrique l’avait annoncé : de grands changements s’opèrent en ce moment au sein du sérail algérien. Des manoeuvres lancées dans le cadre d’un réaménagement de l’échiquier politique algérien en prévision de l’élection présidentielle de 2019. La démission d’Amar Saâdani est l’acte ultime de ces changements majeurs que connaît en ce moment l’Algérie.

Les médias algériens n’osent pas le dire. Et les diverses chapelles politiquent refusent de l’admettre. Amar Saâdani, le fidèle serviteur du clan présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika a été bel et bien limogé de ses fonctions à la tête du FLN historique, principal appareil de propagande du régime algérien. Les Bouteflika n’ont tout simplement plus besoin d’Amar Saâdani. Trop encombrant, trop contesté, impliqué dans de nombreuses affaires scabreuses, Saâdani a fini par perdre la confiance de ses mentors qui préparent, désormais, une autre stratégie : préparer l’opinion publique à l’éventualité d’un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika ! Un projet qui ne fédère pas au sein du régime algérien. Et le Chef d’Etat-Major, Ahmed Gaïd Salah, ainsi que ses partisans, ont fait savoir qu’ils ne comptent nullement adhérer à ce projet. Gaïd Salah et ses acolytes ont fondé tout bonnement un nouveau clan, appelé communément par les connaisseurs des dessous du sérail algérien : le clan d’Annaba. Le 11 septembre dernier, Monafrique a expliqué les tenants et aboutissants de ce nouveau clan qui a rompu avec la ligne de conduite du clan présidentiel et ses réseaux. Pour Ahmed Gaïd Salah et ses alliés, il est temps de parler de l’après-Bouteflika. Il est temps de lancer la succession après avoir soutenu fidèlement le 4e mandat du sieur Bouteflika.

Sauf qu’à Alger, les hôtes du Palais d’El-Mouradia, qui gouvernent via des conciliabules organisés avec leurs proches dans des villas discrètes de Hydra, n’envisagent nullement de préparer l’Algérie à une succession qui marquera la fin du règne d’Abdelaziz Bouteflika. Pas question de lâcher le pouvoir tant que le Président est encore en vie. Pis encore, pas question que le pouvoir échappe à un autre membre du clan présidentiel. Pour Gaïd Salah et ses associés, c’en est trop. Et la goutte d’eau qui a fait déborder le vase s’appelle le général Toufik ! Oui, alors que tout le monde le donnait pour mort, l’ancien patron du DRS est revenu à la fin de l’été dernier en force après avoir rencontré Saïd Bouteflika en marge de l’enterrement de sa soeur à Alger.

Pour Saïd Bouteflika, les manoeuvres discrètes du clan d’Annaba sont inacceptables et dangereuses. L’ancien ennemi, le général Toufik, pourrait être un atout incontournable pour sécuriser le clan présidentiel contre les attaques de ses adversaires. Le général Toufik accepte de négocier et pose ses questions. Lesquelles ? Une éviction pure et simple d’Amar Saâdani et, plus tard, du général Ahmed Gaïd Salah qui a posé place sous détention son ami intime le général Hassan, l’ancien patron de la division de la lutte anti-terroriste du DRS d’avant sa restructuration.

Amar Saâdani apprend la nouvelle et ne retient pas sa profonde déception. Le Clan d’Annaba lui tend une main amicale et l’invite à rejoindre ses rangs pour préserver ses intérêts. Saâdani accepte le principe mais demande du temps pour refléchir avant de prendre la moindre décision. Sauf qu’au sein du FLN, le compte à rebours a commencé : les adversaires de Saâdani ont reçu le soutien de la Présidence pour dégager celui que l’on appelle « le bouledogue » de la scène politique algérienne. Amar Saâdani panique et cède à la tentation de trahir les Bouteflika. Le clan d’Annaba lui demande de torpiller le rapprochement entre le général Toufik et le clan présidentiel. Et le 6 octobre dernier, le bon vieux Saâdani surprend  toute l’Algérie avec une sortie médiatique des plus violentes et haineuses à l’égard du général Toufik et son clan.

Les accusations sont gravissimes. Les insultes dépassent l’entendement. C’est une véritable bombe. Mais l’effet escompté par le clan d’Annaba ne s’est pas produit. L’ancien chef du DRS et ses partisans n’ont pas rompu les pourparlers avec les Bouteflika. Ces derniers interviennent pour mettre fin au « massacre » et exigent la tête de Saâdani. Le 22 octobre, ce dernier n’a plus le choix : il présente sa démission. Pour l’éloigner de l’Algérie et de ses soubresauts politiques, on lui promet un poste d’ambassadeur à l »étranger pour qui’il ne puisse prêter aucune aide au Clan d’Annaba qui veut disputer le pouvoir aux Bouteflka.

Son remplaçant à la tête du FLN s’appelle Djamel Ould Abbès. Il s’agit de l’un des hommes les plus fidèles à Abdelaziz Bouteflika. Et Ould Abbès le répète d’ores et déjà dans les coulisses : il n’y a pas mieux qu’un 5e mandat pour l’Algérie. La bataille de  la présidentielle de 2019 a bel et bien commencé en Algérie.

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