Les exportations américaines de Gaz naturel liquéfié (GNL) devraient progresser en 2017 et 2018 grâce à l’entrée en service de nouveaux projets de liquéfaction de gaz naturel, prévoit l’Agence américaine d’information en énergie (EIA).
La hausse des exportations de GNL en 2017 sera soutenue par l’entrée en production de nouvelles capacités de liquéfaction dans le terminal Sabine Pass en Louisiane, précise l’EIA (Acronyme anglais d’Energy Information Administration) dans un rapport publié lundi.
En 2018, les livraisons américaines de GNL à l’étranger vont augmenter à la faveur de la mise en service du terminal Cove Point à Maryland en décembre 2017 et des projets Cameron et Freeport sur le Golfe du Mexique au deuxième trimestre de l’année prochaine.
Les exportations de gaz naturel par canalisation vers le Mexique devraient également enregistrer une légère progression cette année, selon l’EIA.
L’augmentation des exportations, couplée à une stabilisation des importations de GNL feront des Etats Unis un exportateur net de gaz d’ici à 2018, anticipe l’EIA qui prévoit, par ailleurs, une remontée des prix de cette énergie sur le marché américain à 3,55 dollars le million BTU en 2017 et à 3,73 dollars en 2018, contre 2,51 dollars enregistrés en 2016.
Côté commercialisation, la levée de l’interdiction sur les exportations américaines de GNL en 2016 ne devrait pas se traduire par une hausse des livraisons vers le continent européen, selon plusieurs analystes, alors qu’auparavant nombreux d’entre eux prévoyaient le début d’une rude concurrence entre la Russie et les Etats-Unis sur ce marché.
Les producteurs américains ont réorienté leurs livraisons vers les marchés de l’Amérique Latine et de l’Asie pour satisfaire de nouveaux clients potentiels, notamment avec la baisse des exportations du Nigeria vers le continent américain et aussi la hausse de la demande du marché de l’électricité en Asie. En 2016 seulement deux expéditions de gaz américain ont été envoyées en Europe.
Sonatrach et Gazprom renforcent leurs positions sur le marché européen
Pour les six prochains mois, le GNL américain ne pourra pas rivaliser avec le gaz naturel acheminé par canalisation vers l’Europe, offrant au russe Gazprom l’opportunité d’augmenter ses livraisons, selon les mêmes analystes. La Russie détient déjà un tiers des parts de marché du vieux continent.
Cette situation représente une aubaine pour les fournisseurs traditionnels de l’Europe et devrait «profiter principalement aux deux principaux fournisseurs Sonatrach et Gazprom », commente Ira Joseph, le directeur de PiraEnergy, une entreprise internationale de consulting en énergie.
Les exportations algériennes vers l’Italie sont passées de 7,1 milliards de M3 en 2015 à 17,1 milliards m3 en 2016, selon les chiffres de Pira.
«Cependant, Gazprom n’aura pas le monopole sur le marché européen indéfiniment puisque la situation risque de changer vers la mi 2017 avec l’entrée en production de plusieurs projets de liquéfaction aux Etats-Unis et en Australie», ajoute PiraEnergy et Facts Global Energy.
Les Etats-Unis et l’Australie vont chercher, dès le deuxième semestre de cette année d’autres débouchés sur le marché européen pour leur excédent en GNL que les marchés américain et asiatique ne seront plus en mesure d’absorber rapidement, avance Facts Global Energy.
Le cabinet de consulting en énergie s’attend à ce que la production américaine et australienne inonde le marché européen en tablant sur 20 millions de tonnes de GNL qui seront placés cette année sur le marché européen, alors que la production américaine de GNL est attendue à la hausse d’ici à fin 2020.
L’arrivée de Donald Trump est perçue comme une bonne nouvelle par l’industrie pétrolière et gazière aux Etats-Unis. Le nouveau président a promis de lever plusieurs restrictions environnementales à l’extraction des hydrocarbures, instituée par son prédécesseur Barack Obama.
Trump n’a pas encore révélé les détails de sa politique énergétique, mise à part sa volonté de réguler massivement le secteur en tenant le gouvernement fédéral à l’écart des politiques énergétiques.
Mais il semble, selon plusieurs analystes, que «le nouveau président pourrait se prononcer prochainement sur l’autorisation de construction de nouvelles installations de liquéfaction de gaz, destinées à l’exportation de GNL».
L’actuelle administration pourrait maintenir les objectifs de l’ancien cabinet de Barack Obama de mettre fin à la prédominance russe sur le marché gazier européen en soutenant le projet de l’union de l’énergie du continent et le développement des infrastructures de GNL.
«Au lieu (des gazoducs russes) l’Europe a besoin de l’amélioration des interconnexions (électriques) et des infrastructures stratégiques de GNL en mesure d’alimenter tout le continent européen», avait déclaré l’ancien secrétaire d’Etat adjoint, Antony Blinken.
Mais selon des analystes gaziers, «le défi de la réduction de la dépendance de l’Europe au gaz russe sera lent à relever, la chaîne gazière étant longue et coûteuse, alors qu’en parallèle les livraisons russes au vieux continent augmentent d’année en année dans un contexte de baisse des réserves britanniques et norvégiennes en Mer du nord»