Seul le talent et l’ardeur des algériennes et des algériens pourront faciliter le passage de l’économie de la rente du pétrole à une économie diversifiée et productrice de valeurs et de richesses… Les cours des matières premières ont été ces derniers mois très volatils. Ceux du pétrole ont baissé de moitié en l’espace de quelques mois. La dégringolade du marché du pétrole s’explique par une suite d’événements particuliers, qui a provoqué l’effondrement des prix, principalement à cause de l’offre ou plutôt de la « sur-offre ». La production du Gaz de schiste aux États-Unis a changé la donne, constituant un des facteurs clés de la surabondance. En même temps que ces nouvelles sources de pétrole submergeaient les marchés, les producteurs majeurs, tels que la Russie et les pays de l’OPEP, ont continué à pomper, atteignant des records de production. Plus les prix dégringolaient, plus les 12 nations du cartel, l’Arabie saoudite en tête, ont maintenu l’extraction pour tenter de défendre leurs parts de marché. La dépendance aux revenus pétroliers a bien vite enclenché un cercle vicieux : plus les prix baissaient, plus il fallait extraire du pétrole. Pendant ce temps la stagnation de la croissance économique mondiale freinait la demande de pétrole. A partir de ce constat, l’agence internationale de l’énergie estime que la croissance de la demande de pétrole brut à long terme devrait encore ralentir de façon sensible. En l’état actuel des prévisions, rien ne laisse donc présager un rééquilibrage de l’offre et de la demande en 2016. A moins qu’un conflit militaire majeur, né des fortes tensions actuelles entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, éclate au Moyen-Orient. Mais au-delà même de ces tensions entre Saoudiens et Perses, la dégringolade du prix du baril du pétrole pourrait même s’aggraver après la levée des sanctions pesant actuellement sur l’Iran, qui possède 13% des réserves mondiales de pétrole. Par ailleurs, les États-Unis n’abaisseront leur production qu’à 8,8 millions de barils par jour en 2016, contre 9,1 en 2015 et 9,6 en 2014, une baisse loin d’être drastique. Le prix du baril devrait donc rester légèrement en deçà de 60 dollars, à moins d’une réduction importante de l’offre du côté des pays producteurs. La chute des cours du baril de pétrole continuera donc à faire souffrir financièrement beaucoup de pays producteurs. Même l’Arabie Saoudite a ponctionné ses énormes réserves de change pour faire face à ses dépenses jugées incompressibles, comme le budget colossal alloué aux dépenses militaires. Or la rente pétrolière, comme source de croissance et de prospérité, est condamnée à plus ou moins brève échéance, notamment en Algérie. Seul le talent et l’ardeur des hommes et des femmes pourront initier et soutenir une révolution économique et des mentalités pour ne pas hypothéquer les atouts colossaux du pays mais aussi sa sécurité. Il serait donc judicieux de la part des autorités du pays de mettre en œuvre, le plus rapidement possible, une nouvelle stratégie économique pour remplacer la rente du pétrole dont dépend la survie et l’avenir de la société algérienne. Dans un environnement marqué par l’importance croissante de la création industrielle, intellectuelle et artistique, il est primordial de soutenir l’effort de création, de recherche et d’innovation en Algérie. Ceci suppose que l’ensemble de l’économie bénéficie de toute nouvelle source de valeur et que le créateur soit rétribué de manière juste et équitable. Dans cette perspective, il est important d’apprécier les conditions de concurrence, de monopole et de rente liées à la création pour s’assurer qu’elles correspondent à un optimum économique et social. Le développement de « la nouvelle économie algérienne » devrait se traduire par une plus grande diversité des modalités de création de valeur et de richesses par les entreprises. Pour cela, il faut impérativement que les milieux de l’analyse financière affinent les concepts utilisés pour mesurer et comparer cette capacité de création de valeur et imaginent un système de prélèvements original et performant susceptible de l’appréhender de manière plus objective, tant au niveau de l’assiette que du mode d’imposition. Cette « nouvelle économie », créatrice de valeur et de richesses, devrait favoriser, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur étatique, la production de licences, de brevets, mais aussi de bases d’informations économiques et de savoir-faire reconnus. Or, l’État éprouve des difficultés à mettre en œuvre des mécanismes ou une politique destinés à évaluer et à valoriser les actifs de l’économie algérienne ou en optimiser les modes de gestion. Cette « nouvelle économie » algérienne nécessite une véritable révolution des mentalités. La richesse humaine des algériennes et des algériens, considérée comme premier facteur humain d’un développement repensé et réorienté, permettra de réussir la transition d’une économie basée sur la rente du pétrole vers une économie diversifiée et productrice de richesses. Les égarements, les frilosités et le manque d’audace de certains empêcheront le pays de la Révolution du 1er Novembre 54 de s’inviter au banquet des pays émergents dans le monde. Compétente scientifiquement, talentueuse dans le domaine de la recherche, notamment avec les membres de sa diaspora parmi les plus créatifs à l’étranger, la jeunesse algérienne prouve quotidiennement qu’elle est capable de produire des chefs d’industrie et d’entreprise dynamiques, capables de booster les facteurs de croissance dans tous les domaines de l’activité économique de son pays. En effet, face à l’hypothèque qui pèse sur la rente du pétrole dans la quinzaine d’années à venir, parmi les forces de la « nouvelle économie algérienne », la force de l’économie de l’immatériel doit être soutenue politiquement dans une Algérie où les véritables atouts dans ce secteur sont insuffisamment mis en valeur. Cette économie de l’immatériel peut être sérieusement développée car la qualité de la main d’œuvre algérienne s’améliore, la compétence et la capacité d’expertise dans tous les domaines des équipes de chercheurs algériens sont de plus en plus reconnues, la création de véritables industries culturelles et touristiques performantes ou de pôles technologiques attractifs, pourraient permettre sur bien des points, à l’Algérie, de devenir un acteur majeur dans ce secteur d’activité, très prisé à l’heure de la mondialisation. L’économie de l’immatériel se fonde sur le savoir, les connaissances, la créativité, l’imagination, les technologies de l’information et la capacité d’entreprendre et d’exporter. Le pivot de toute révolution économique et des mentalités est celui du système éducatif, civique et citoyen. Il semble qu’à force de le réformer, il ne possède pas encore des structures à même de révéler les talents de notre pays, de les encourager pour leur apprendre à créer des événements mondiaux dans le domaine de la création qui génèrent de l’activité, le déplacement des principaux décideurs du secteur ainsi que des opportunités d’affaires et de développement futur. Pour cela, il faut former les chefs d’entreprise algériens à développer leurs marchés et leurs ventes en insistant davantage sur la qualité et l’apparence de leurs produits, surtout s’ils veulent exporter. Pour cela l’aspect design doit être parfaitement maîtrisé. En tant que chefs d’entreprise, les algériens doivent devenir des « conquérants » en cette période très troublée où le climat de « guerre froide » économique, dans lequel nous baignons, provoquera pour l’économie algérienne des nuisances de plus en plus graves qui vont encore s’intensifier durant les prochaines années et dont les conséquences restent globalement incalculables en totalité. Outre l’âme de « conquérants » que les chefs d’entreprise algériens doivent avoir dans un contexte de concurrence et de compétition économique internationale qui ne laissent aucune chance aux « faibles », ils doivent s’initier à l’Intelligence économique s’ils veulent maîtriser et protéger l’information stratégique qui leur sera utile en tant que « décideurs économiques ». Il est évident que la consommation effrénée dans laquelle les algériens ont été entraînés, la surconsommation même de certains produits fabriqués à l’étranger, font que le moteur principal de l’économie algérienne est à la merci d’une spirale qui peut sérieusement, voire définitivement le « gripper ». Mais la réduction des recettes pétrolières fait que la demande algérienne a explosé ces dernières années et qu’il n’est plus possible d’y répondre dans les mêmes conditions qu’hier même si le prix du baril de pétrole repartait à la hausse. Et c’est aux chefs des entreprises du pays de résoudre cette nouvelle équation. Pour ce faire, il doivent avoir en tête que l’organisation mondialisée du commerce et la multiplication des échanges ont fait que la fabrication et la production des biens s’effectuent où les coûts de main d’œuvre sont les plus bas, … conduisant à l’aggravation de la concurrence mondiale, de recherche effrénée de mieux-disant et que le maître mot de tout « décideur économique » est aujourd’hui celui de concurrence, synonyme de « guerre froide » économique que seule l’observation fine de toutes les informations disponibles peut aider à comprendre et à gagner. Cette « guerre économique » utilisent plusieurs canaux, en premier lieu desquels se situe la stratégie d’influence. Celle-ci englobe la diplomatie, les réseaux et les lobbies. En second lieu, « la négociation qui peut passer du travail d’équipe à la pression psychologique, et enfin, la polémique qui peut mettre en action divers outils : occupation du terrain et mobilisation, discussion sur la légitimité de tel ou tel discours, domination par les compétences réelles ou supposées, tout cela facilité par la diffusion par Internet. » En troisième lieu, les armes relatives à la désinformation (diffusion de fausses nouvelles, manipulations des médias, campagnes de dénigrement, création de faux-sites internet, etc.) et enfin, celles utilisant la corruption des individus, rendue encore plus facile avec l’existence de plusieurs dizaines de paradis bancaires et fiscaux dans le monde, dont quelques-uns au cœur même de l’Europe.