L’Algérie drague les pays du Golfe 

Après un bras de fer diplomatique avec les monarchies du Golfe notamment depuis le début du conflit syrien, l’Algérie revoit radicalement sa politique. Ce repositionnement s’explique par la crise financière qui plombe le pays! Il a donc plus que jamais besoin des sous des monarchies du Golfe pour éviter le recours au FMI aussi catastrophique que celui qui fut appliqué durant les années 90. A l’époque, le Club de Paris avait « déshabillé » une Algérie endettée jusqu’au cou. Le vieux Président algérien est, certes, malade. Mais il demeure perspicace et dispose encore de plusieurs réseaux influents à Dubai, Ryadh et Doha.  Après un coup froid entre l’Algérie et l’Arabie Séoudite après l’intervention saoudienne au Yémen, un début de réconciliation a été entamé lors de la réunion extraordinaire de l’OPEP à la fin du mois de septembre dernier. Les échanges s’intensifient, l’Algérie met en stand-by  son rapprochement stratégique avec l’Iran et promet de défendre les intérêts de l’Arabie Saoudite dans la région. Les Saoudiens affirment leur intention de reprendre l’Algérie dans leur viseur.
 
Echappée vers Ryadh
 
Le 15 novembre dernier, le Premier ministre Sellal algérien prend l’avion et s’envole vers Ryadh pour une visite officielle d’une importance stratégique. Cette visite intervient après plusieurs années d’une torpeur diplomatique entre les deux pays.  Sur place, Sellal dévoile toutes les bonnes intentions d’Alger : « Nous allons avec nos frères saoudiens vers des relations stratégiques qui nous permettent de préserver nos intérêts mutuels et de défendre l’islam dont certains veulent ternir l’image », a-t-il déclaré à ses homologues saoudiens en se félicitant des relations »fortes » entre l’Algérie et l’Arabie saoudite. L’émissaire de Bouteflika fait même une étrange déclaration qui ne cessera de faire couler beaucoup d’encre : « Le peuple algérien fera barrage à tous ceux qui voudront attenter aux Lieux saints de l’Islam ». Comprendre : l’Algérie interviendra aux côtés de l’Arabie Saoudite si l’Iran entre en guerre contre la monarchie saoudienne. Une position étrange qui n’a jamais reflété l’attitude officielle du régime algérien ces dernières années. Ce dernier se méfiait énormément au wahhabisme saoudien et de ses réseaux au Maghreb. L’Algérie n’appréciait guère également le soutien indéfectible de l’Arabie Saoudite au rival marocain. Mais les temps ont changé et l’Algérie a besoin de nouvelles alliances pour s’en sortir de sa crise financière. Sellal exécute la feuille de route d’Abdelaziz Bouteflika. A Ryadh, l’heure est à la danse du ventre. Le Premier ministre a enchaîné les entretiens avec le Prince héritier, Vice-Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, l’Emir Mohamed Ben Nayef Ben Abdelaziz, et avec le prince Mohamed ben Salmane ben Abdelaziz Al- Saoud, vice-prince héritier et ministre de la Défense saoudien, le ministre d’Etat aux affaires étrangères Nizar Ibn Oubaid Madani, le ministre du travail et du développement social Mofrij Al Hakabani, le ministre du Commerce et de l’investissement Madjid El Qassabi et le directeur du Fonds saoudien des investissement publics, Yasser Erramiane. Les autorités saoudiennes apprécient la démarche et récompensent Bouteflika en sortant le chéquier.  En marge du forum des hommes d’affaires algéro-saoudiens, de nombreux investissements sont négociés. En tout et pour tout : pas moins de dix milliards de dollars seront investis par l’Arabie Saoudite en Algérie. Le président du conseil des chambres de commerce et de l’industrie saoudiennes Hamdane Assamrain promet aux Algériens un avenir plein de pétrodollars. Des projets concrets ont été retenus dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’agriculture, du tourisme, de l’artisanat, des mines, des transports maritime et aérien, de l’habitat, des banques et des douanes.
 
Le salut par les pétro-dollars
 
Il est question désormais de procéder à la création de la société algéro-saoudienne de transport maritime et de la banque algéro-saoudienne pour le financement de projets d’investissements. Les investisseurs saoudiens veulent utiliser l’Algérie pour l »accès aux marchés africain et européen. Et pour sceller définitivement la réconciliation algéro-saoudienne.

Ce n’est pas tout. Le royaume séoudien ordonne à  la compagnie aérienne Saudi Airlines de revenir officiellement à Alger. Quatre vols hebdomadaires ont été programmés par Saudi Airlines en provenance de Djeddah. La compagnie saoudienne aspire à travers la reprise de ses vols réguliers à faciliter le transport des hommes d’affaires et opérateurs économiques des deux pays en vue de contribuer à promouvoir la coopération économique bilatérale. Bouteflika réalise un coup de maître et son opération de séduction a totalement fonctionné. Il pourra compter sur les dollars de la monarchie saoudienne dans ces temps difficiles. Mais, il ne s’arrête pas là et poursuit son opération de charme vis-à-vis des autres monarchies richissimes du Golfe. Il envoie Lamamra au Bahreïn pour rencontrer Premier ministre du Royaume de Bahreïn, Cheikh Khalifa ben Salmane Al-Khalifa. Des projets et des investissements seront discutés. Et plusieurs étapes restent à venir. A Alger, il sera plus que jamais difficile de contrecarrer à l’avenir les lobbys saoudiens et qataris.

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