Le sommet européen vendredi à La Valette (Malte) a été en partie consacré aux questions migratoires.
Les chefs d’Etat de l’Union européenne (UE) devront décider de la politique à suivre notamment avec la Libye, devenue le principal point de départ des migrants vers l’Europe.
2016 aura été une année noire en mer Méditerranée. Sur 181 000 personnes ayant tenté la traversée, au moins 4 500 seraient mortes noyées. L’accord passé le 18 mars 2016 entre la Turquie et l’Union européenne n’a pas enrayé l’hécatombe.
Le flot de migrants s’est simplement déplacé des abords de la mer Egée aux côtes libyennes.
La Commission européenne a déjà proposé, le 25 janvier, une série de mesures présentées comme «une contribution aux discussions (du sommet de Malte) relatives à la façon de mieux gérer la migration et de sauver des vies». Parmi ces propositions: un soutien renforcé aux gardes-côtes libyens et une rallonge de l’aide financière jusqu’à 200 millions d’euros, alloués par les Etats membres au Gouvernement d’union nationale libyen dirigé par Fayez al Sarraj.
Rééditer l’accord entre l’UE et la Turquie ?
Pour sa part, l’Italie, qui se situe à seulement 300 km des côtes libyennes et s’estime délaissée par ses partenaires européens dans la gestion de la crise des réfugiés, a annoncé le 1er février la création d’un «fonds Afrique» doté de 200 millions d’euros et destiné à enrayer l’immigration clandestine africaine.
Ses principaux bénéficiaires seront la Libye, le Niger et la Tunisie, qui sont aujourd’hui figure de principaux points de départ des migrants.
D’autres dirigeants européens estiment cette politique insuffisante et prônent la signature d’un accord avec la Libye semblable à celui passé entre l’Union européenne et la Turquie. Cela signifierait pour l’UE renvoyer les migrants en Libye, laquelle les garderait sur son territoire en échange d’une compensation financière.
Le Premier ministre maltais, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne déclarait en tout cas il y a peu au Parlement de Strasbourg : «Si on ne réédite pas un compromis à la turque pour la Méditerranée centrale, nous assisterons au retour de la crise migratoire».
La chancelière allemande Angela Merkel avait dans son podcast vidéo hebdomadaire, déclaré qu’il ne sera possible d’envisager le renvoi des migrants vers la Libye «que lorsque le gouvernement d’union y sera vraiment un gouvernement d’union, qu’il aura repris le contrôle de l’intégralité de son territoire (…)».
Les dirigeants de l’UE ont dit aspirer à voir la Libye devenir «un pays stable, sûr, gouverné par l’état de droit et capable de contrôler ses frontières (…)».
Echoués en Libye, des migrants croyaient être arrivés en Italie
Plus de 80 migrants ont échoué en janvier dernier sur une plage libyenne, avant d’être secourus par le Croissant rouge libyen (CRL). Après trois jours sur une mer agitée, ils pensaient être arrivés en Italie.
«On nous a signalé la présence d’une embarcation» sur une plage de Tripoli, avait indiqué Mohamed al-Imam, un responsable de l’équipe d’intervention du CRL.
«Nous avons récupéré cinq corps sur la plage (…) et transféré 80 personnes vers les centre d’hébergement», avait-il ajouté.
D’aprés un rescapé cité par les médias, les migrants étaient montés à bord du bateau à Sabratha, une ville dans l’ouest de la Libye, située à 70 km de Tripoli. Parti avec une autre embarcation, le navire a connu des difficultés sur une mer agitée et a finalement échoué à proximité de la plage Hay-al-Andalous, un quartier résidentiel à Tripoli.
«Nous pensions déjà être arrivés en Italie», avait expliqué l’un des rescapés. Parmi eux figuraient deux femmes et un enfant.
Depuis la chute de l’ancien régime en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Europe. Des milliers de migrants partent chaque année depuis l’ouest du pays à destination de l’Italie, dont les côtes ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres. En dépit du froid, du mauvais temps et de fortes rafales de vent, les départs depuis les côtes libyennes ne semblent pas s’être arrêtés.
La traversée est pourtant périlleuse. Selon l’ONU, plus de 5.000 migrants ont trouvé la mort en 2016 en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
Il s’agit du bilan le plus lourd jamais enregistré alors que le nombre de personnes ayant traversé la Méditerranée cette année (près de 360 000 selon l’Organisation internationale pour les migrations) a fortement diminué par rapport à 2015 (plus d’un million).