Donald Trump et l’avenir de ces accords commerciaux


Donald Trump a signé le retrait des États-Unis du projet d’accord régional transpacifique (TPP). A-t-il pour autant signé son arrêt de mort ? Que vont devenir l’Alena, autre traité de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada et le Partenariat transatlantique (TTIP)? Éléments de réponse.

Pas de temps à perdre. Tout juste entré en fonction, Donald Trump entend redessiner les contours des accords commerciaux, certains anciens, liant les États-Unis au reste du monde. Lundi, le nouveau président des États-Unis a signé une ordonnance mettant fin à la participation des États-Unis au traité de libre-échange transpacifique (TPP). Un accord «terrible» qui «viole» les intérêts des travailleurs américains selon ses termes. La veille, il annonçait qu’il allait commencer à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec les dirigeants du Canada et du Mexique qu’il doit voir prochainement. S’il ne l’a pas encore annoncé, il devrait aussi suspendre les négociations sur le TTIP, le projet d’accord commercial transatlantique, entre les États-Unis et l’Union européenne. Quel avenir pour ces partenariats? Le point sur les conséquences de ces décisions.

L’avenir incertain du traité transpacifique

• Que prévoyait le TPP?

Pas encore vigueur, le traité transpacifique a été signé l’an dernier par douze pays riverains de l’océan Pacifique (États-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) après des années de laborieuses négociations, entamées en 2008. Le but: créer la plus vaste zone de libre-échange au monde. La Chine avait volontairement été exclue des discussions pour freiner son influence croissante, les États-Unis voulant resserrer leurs liens commerciaux avec les pays de la région. Mais Donald Trump a décidé de sortir les États-Unis de ce projet de partenariat transpacifique, souhaitant privilégier «des traités commerciaux bilatéraux et justes qui ramèneront les emplois et l’industrie sur le sol américain».

• Que va devenir le partenariat transpacifique?

Plusieurs scénarios sont possibles. «Les pays signataires peuvent décider d’enterrer le projet, estimant que sans les États-Unis le traité transpacifique n’a plus aucun sens», explique au Figaro Sylvie Matelly, directrice adjointe à l’IRIS spécialisée en économie internationale. «Le risque que ce projet d’accord disparaisse est important et c’est à mon avis le scénario le plus probable.» «L’intérêt du TPP était le positionnement des États-Unis en Asie. Sans les États-Unis, je ne vois pas bien l’intérêt de cet accord.» Seconde possibilité, souligne l’experte, «les pays peuvent trouver un intérêt commun à renégocier ce traité de libre-échange». «Mais l’intérêt semble limité dans la mesure où il existe déjà d’autres projets de traités commerciaux entre pays du pacifique.» La Chine s’est d’ailleurs dite «prête à accélérer» la mise sur pied de zones de libre-échange alternatives. Un troisième scénario serait d’«ouvrir la porte à la Chine» explique Sylvie Matelly. C’est d’ailleurs l’option proposée mardi par l’Australie. Mais encore faut-il que tous les pays signataires y soient favorables. Ce qui n’est pas le cas du Japon par exemple, qui avait déclaré, en ratifiant le TPP qu’il n’aurait «aucun sens sans les États-Unis».

L’Alena en suspens

• Qu’est-ce que l’Aléna?

Entré en vigueur en janvier 1994, l’accord de libre-échange nord-américain associe les États-Unis, le Canada et le Mexique dans une vaste zone commerciale. Donald Trump, qui a promis de renégocier cet accord, l’accuse d’avoir encouragé l’exode d’emplois manufacturiers américains vers le Mexique.

• Que va devenir cet accord de libre-échange?

«Soit les partenaires se mettent d’accord et parviennent à le faire évoluer et avancent ensemble. Soit les pays ne parviennent pas à le renégocier et dans ce cas, l’accord capote», indique Sylvie Matelly. Mais la question de l’avenir de l’Aléna est essentiellement «d’ordre juridique» souligne-t-elle. D’après les statuts, l’une des parties peut notifier aux autres son intention de quitter l’Aléna, ouvrant alors une période de 180 jours pour entamer de nouvelles négociations. Si aucun nouvel accord n’est conclu, l’ancien est alors dissous. La nouvelle administration républicaine a d’ores et déjà averti que si ses partenaires refusaient une négociation «qui apporte aux travailleurs américains un accord équitable», les États-Unis quitteraient l’Aléna. De son côté, le Mexique s’est dit également prêt à quitter cette zone de libre-échange en cas d’échec des négociations.

Le traité transatlantique à l’agonie

• Qu’est-ce que le TTIP ou le Tafta?

Ce traité est souvent désigné par ses deux acronymes: Tafta, qui signifie en anglais «traité de libre-échange transatlantique», ou TTIP, qui correspond à «Transatlantic Trade and Investment Partnership». L’objectif: créer la plus grande zone de libre-échange du monde. Elle toucherait 820 millions de consommateurs, et représenterait près de 50% du PIB mondial. Lancées en 2013, les négociations se sont heurtées à la réprobation croissante de la société civile et de certains pays européens, à propos des normes sociales et environnementales. Le traité veut en effet réduire au maximum les droits de douane et harmoniser les réglementations entre l’Europe et les États-Unis.

• Que va devenir ce traité de libre-échange?

Pour l’instant, «le TTIP est mort et enterré», estime Sylvie Matelly. «Donald Trump ne l’a pas encore annoncé, mais les États-Unis ne vont pas relancer les négociations. Elles reprendront peut-être dans quelques années, sous une autre présidence américaine».

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