Comment Amazon a cassé la baraque à Noël

© GERARD JULIEN / AFP

Le géant américain du e-commerce a communiqué sur son activité lors des fêtes de fin d’année. Ses performances reflètent une très forte dynamique, pas seulement dans la vente d’articles, mais aussi de services ou de divertissements. De quoi inquiéter la concurrence en France alors qu’un appel au boycott a été lancé par le patron du site Sarenza.

Deux jours après Noël, l’heure est déjà au bilan pour Amazon. Un grand déballage sur les articles les plus vendus qui prend l’allure d’une démonstration de force. La période festive a commencé le 25 novembre, avec le Black Friday, pour terminer le 25 décembre.

« Plus d’un milliard de produits ont été expédiés dans le monde par les entrepôts d’Amazon pendant les fêtes », indique ainsi le géant américain, précisant que la livraison la plus rapide a été effectuée seulement… 13 minutes après la commande à Redondo Beach en Californie.

36 jouets commandés par seconde sur smartphone

Amazon confirme aussi que le m-commerce s’impose dans son modèle à présent. Ainsi, lors des fêtes, plus de 72% des clients ont utilisé un appareil mobile (smartphone, tablette…) pour passer leur commande. Le 28 novembre, lors du Cyber Monday, indique le groupe de Jeff Bezos, ces consommateurs ont acheté 46 produits high-tech par seconde et 36 jouets par seconde à travers le monde.

Pour tenir le rythme, quelques 200 000 salariés et saisonniers ont été mobilisés pendant cette période. Et 45 000 robots sont à l’œuvre jour et nuit dans une vingtaine d’entrepôts pour automatiser la logistique. Dans les plus gros, comme celui de Poznan en Pologne, plus d’un million de colis ont pu être expédiés en une journée.

Des mixers, des diamants et des montres à foison

Ce bilan est aussi l’occasion pour Amazon de démontrer la puissance de son modèle qui comprend une offre de services et de divertissements. Comme son abonnement Prime Now qui permet d’être livré en une ou deux heures. « Le 23 décembre, les membres de Prime Now ont commandé trois fois plus d’articles que l’an dernier », indique le communiqué. Et de détailler, rayon par rayon, les best-sellers des fêtes de fin d’année.

Ainsi, 2,5 millions de montres ont été vendues – soit une toutes les 1,5 seconde -, 10.451 carats de diamants, mais aussi assez de mixers KitchenAid pour réaliser 7,5 millions de recettes en même temps, et de robots sphériques BB-8 Star Wars pour faire deux fois le tour de la terre avant que les batteries ne s’épuisent.

Des millions d’enceintes Echo achetées

Le système Amazon, ce sont aussi les enceintes Echo et Echo Dot couplées à l’assistant vocal Alexa. Ce service, proposé aux Etats-Unis, est disponible depuis la fin septembre au Royaume-Uni et en Allemagne. Il devrait donc arriver prochainement en France. Ce haut-parleur cylindrique peut répondre à toute sorte de questions comme la météo, les informations du jour, l’orthographe d’un mot, la recette d’un cocktail ou d’un plat mais aussi contrôler à distance certains appareils comme… les guirlandes de l’arbre de Noël, lancer une playlist de musique et bien sûr commander sur Amazon.

Selon le groupe de Seattle, les ventes d’articles de la gamme Echo ont été multipliées par neuf cette année, et des millions d’enceintes équipées d’Alexa ont été achetées. Grâce à cela, Amazon est en mesure de connaître bien plus que les achats courants de ses clients. Il sait quelles sont leurs recettes favorites, leurs chansons préférées dans chaque ville, leurs films de cinéma ou leurs jeux de société et même ceux qui ont le plus donné l’ordre : « Alexa, allume les guirlandes de Noël » !

Le cynisme fiscal d’Amazon dénoncé par Sarenza

Ce rouleau compresseur, qui met la satisfaction du client au cœur de son modèle, inquiète de plus en plus ses concurrents. En France, les grandes enseignes du commerce ont recommencé à innover pour reprendre le quart d’heure d’avance que la grande distribution, notamment Carrefour, affirmait avoir dans ce secteur.

Pour l’instant, elles cherchent surtout à ne pas se faire distancier par le géant américain, fort heureusement encore peu présent dans l’alimentaire. Mais certains dénoncent ses méthodes agressives pour gagner des parts de marché et son cynisme en matière fiscale. Ainsi, le patron de Sarenza, a pris la plume la semaine dernière dans L’Obs pour appeler au boycott du site.

 » Le problème est son manque de citoyenneté fiscale, qui se cache derrière une stratégie délibérée et très élaborée de minimisation des profits en France via différents mécanismes, écrit Stéphane Treppoz. La créativité des fiscalistes d’Amazon est sans limite pour payer moins d’impôts : localisation de l’entité de facturation quand c’est possible dans des pays à fiscalité réduite comme le Luxembourg, paiement de royalties là où c’est avantageux, subventions déguisées entre activités. »

A défaut d’une réponse européenne, les candidats à la présidentielle devraient se pencher sérieusement sur le sujet. Car le bonheur des consommateurs peut aussi faire le malheur des travailleurs. Et la colère des électeurs.

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