La Tunisie fait le bilan de sa saison touristique

Et la solidarité des Algériens?

Pour des raisons inexpliquées, les autorités tunisiennes semblent mettre au second plan cette solidarité agissante.

Presque un touriste sur trois en Tunisie était algérien cette année, jusqu’à fin août. Et un touriste sur deux était maghrébin. Il est donc tout à fait légitime d’affirmer que les Algériens ont eu une grande part dans le sauvetage de la saison estivale. Ils auront été, jusqu’à cette échéance, près d’un million à se diriger vers cet eldorado touristique défiant toute crainte.

Bien plus que tous les pays européens réunis avec leurs 904 000 touristes et plus que tous les Tunisiens résidents à l’étranger, au nombre de 844 000 qui ont passé leurs vacances en Tunisie. Ainsi, les Algériens, qui par esprit de solidarité, qui par souci de calcul économique, qui par facilité, tous ont battu le pavé des aires touristiques de cette destination, l’une des mieux classées au monde, ne l’oublions pas.

L’objectif, tel qu’énoncé par la ministre tunisienne du Tourisme, n’aura pas été finalement atteint à la fin de la saison estivale…

A la fin août, on en était à 3,5 millions d’arrivées, bien loin des -pourtant raisonnables 5,5 millions projetés par la première responsable du secteur. Et pour cause, tous les pays traditionnellement présents en Tunisie n’auront pas répondu présent à l’appel de ce pays.

A commencer par la France qui est passée, avec seulement 260 000 touristes, de statut de premier pays émetteur à une quatrième position après les Algériens, les Libyens, et les Russes.

Tous les pays arabes réunis, pour leur part, n’auront émis que quelque 23 000 touristes, à peine 2% du nombre total des Algériens.
Autant dire que la notion de solidarité avec la Tunisie encore aux prises avec les effets secondaires de sa «révolution du Jasmin» n’a pas beaucoup fonctionné malgré tous les efforts des institutions tunisiennes pour la promotion de la destination. Et ces efforts ont été nombreux, denses et multiformes à travers les Salons internationaux spécialisés en tourisme et les interventions médiatiques dans les principales capitales des pays émetteurs. Les recettes en ont inévitablement pâti. Elles ont baissé de près de 34% en 2016 par rapport à 2010. Ce qui est énorme. Ces recettes n’auront été que près de 700 millions d’euros à fin août 2016.

Finalement, force est de reconnaître que les attentats de Sousse, du Bardo et de Ben Guerdane n’auront pas été sans effet sur le tourisme tunisien. Tous les clignotants ont viré au rouge. Et la peur ne s’est pas estompée quoique la dernière action terroriste date de quelques mois déjà.

Quand les autorités des pays européens appelaient leurs concitoyens à boycotter la destination tunisienne par crainte d’actes terroristes, les nôtres appelaient à la solidarité. Et la notion de solidarité prenait tout son sens. Les médias, journaux, radios, télévisions, se sont mis de la partie et des manchettes entières étaient consacrées à la Tunisie et enhardissaient les Algériens à s’y rendre pour leurs séjours et lui consacrer leurs budgets vacances.

Les autorités tunisiennes en charge du tourisme ont surestimé l’impact de leurs actions de promotion et de communication en Europe et particulièrement en France. D’où cette très peu probable prévision de quelque 6 millions d’entrées pour l’année 2016.
Ils n’ont sûrement pas pris en compte qu’un touriste ordinaire, loin de toute considération affective se portera sur une destination qui lui en donnera pour son argent, mais surtout qui lui assurera d’abord la sécurité.

La Tunisie dispose de tous les atouts pour regagner sa place dans le concert des grandes nations touristiques.

Mais en ces temps d’islamophobie agressive et larvée, l’atout techniquement et exclusivement touristique ne suffit pas pour la relance du tourisme. Seul l’esprit de fraternité, d’amitié et de solidarité incitera à répondre à l’appel. La Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisienne l’avouait, du reste, en déclarant, à l’entame de la saison estivale, que la solution résidait «dans le marché local et le marché voisin», entendre par là, algérien.

Par Slimane SEBA

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